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Hôtes célèbres

Richard Anacréon

1942-1943 : ces années d’occupation connaissent une vague de réfugiés quittant la capitale, investie par les Allemands et soumise à la pénurie. Dans ce mouvement des parisiens vers la province, Richard Anacréon arrive à Saint Jean-le-Thomas et acquiert la maison du Gai-Logis...



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Facade du Gai-Logis
Facade du Gai-Logis
Richard Anacréon et Saint-Jean-le-Thomas


1942-1943 : Le Gai-Logis, route de Pignochet, est une maison au charme particulier avec un superbe jardin agrémenté de rosiers, foi d’Emile le voisin, et de superbes hortensias, au dire d’une voisine.

Le fils Jourdan livrait régulièrement des gâteaux chez Anacréon. Mais celui-ci cantonnait ses relations au monde des réfugiés comme lui et aux habitués de l’Hôtel de la Plage.

Ses liens avec le monde gay l’amènent un jour à favoriser l’acquisition de la maison « Les Cadettes », située derrière le Gai-Logis, par un allemand et un anglais.

Son voisinage dit de Richard Anacréon : « C’était quelqu’un de très gentil ». « Il est sur une photo, le jour de mon mariage ».


De Droite à gauche, Albert Houtteville, Dédé Lambert, le Squelette, Richard Anachréon, Louis Redon et un ami
De Droite à gauche, Albert Houtteville, Dédé Lambert, le Squelette, Richard Anachréon, Louis Redon et un ami
Hôtel de la Plage

Celui qui a laissé son nom à l’un des musées de Granville avait fréquenté l’hôtel de la Plage, comme client. Il y amenait de nombreux amis, qu’il invitait à manger. C’est ainsi que Louis Redon fit sa connaissance, de même que de nombreux saint-jeannais.

Richard Anacréon était grand seigneur vis-à-vis de ses invités, au moins par ses paroles. Il ne se privait pas de glisser : « si l’un ou l’autre veut payer la facture, ne lui refusez pas ce plaisir ».

Ce personnage a laissé le souvenir de ses sympathies avec le monde des artistes. Son aura demeure une énigme pour beaucoup.

Sur la photo, de droite à gauche, Albert Houtteville, Dédé Lambert, ami d’Anacréon, le squelette, Richard Anacréon, Louis Redon et un homme non identifié.

Le squelette était le plus souvent suspendu dans une des caves de l’Hôtel de la Plage. Parfois, il était enduit de phosphore et placé devant une fenêtre du Gai-Logis, pour effrayer les passants.

Richard Anacréon ne cachait pas ses attirances pour le monde des homos, en particulier, dans sa maison de la rue de Pignochet. Non sans malice, il avait appelée celle-ci : Gai-Logis.

Une anecdote est racontée par un ancien commerçant. Celui-ci va livrer la marchandise au Gai-Logis, suite à une commande de Richard Anacréon. Quelle n’est pas sa surprise quand un homme nu vient lui ouvrir la porte, alors que trois autres hommes, aussi nus, déambulent dans la maison.


Richard Anacréon à un mariage St Jeannais
Richard Anacréon à un mariage St Jeannais
Richard Anacréon, le peintre Kijno et Rémusat

Deuxième à partir de la gauche, Richard Anacréon est photographié devant l’hôtel de la Plage, lors d’un mariage des années 50. Au bas de la reproduction, Louis et Juliette Redon, propriétaires de l’Hôtel.

Le peintre Rémusat entretenait des relations tendues avec Richard Anacréon.

Dessin du Gai-Logis par Phillipe Morel
Dessin du Gai-Logis par Phillipe Morel
Souvenirs rapportés par une voisine de sa maison de Saint-Jean-le-Thomas, route de Pignochet, et qui a eu l’occasion de fréquenter très amicalement Richard Anacréon.

Richard était un homme très intelligent, cultivé, convaincant, joyeux, original et rusé. C’était un grand ami des arts. Il n’a jamais caché son homosexualité et en tirait une sorte de fierté pour l’époque. Richard et son copain Dédé (André Leconte) s’étaient connus au régiment et ne s’étaient jamais quittés. La disparition de son meilleur ami l’avait sûrement beaucoup affecté. Il possédait une librairie sur les quais de la Seine à Paris, où il vendait des livres d’art et des livres érotiques et cela lui a ouvert des horizons. André Leconte était modeste, gentil, effacé, très élégant et sympathique. Leur entente était parfaite mais André était dominé par Richard, qui avait une grande emprise sur lui.


Richard Anacréon et son inséparable squelette
Richard Anacréon et son inséparable squelette
Richard Anacréon avait ses entrées dans tous les meilleurs cabarets et les boîtes de nuit, surtout dans le milieu gay de Paris. Souvent, il accueillait et servait de guide en soirée à de riches américains du sud, désireux de connaître la vie festive du Paris nocturne. Il a eu l’occasion d’organiser quelques fêtes pour des grands chefs du Maroc et sans doute d’ailleurs. Richard était un homme actif, joyeux, volubile, mais simple et agréable à entendre. C’était un voisin de mon beau-père. Il a connu mon mari et son frère quand ils étaient enfants. La jolie maison de Richard et de Dédé portait le nom de Gai-Logis, nom qui faisait sourire quand on connaissait leur histoire. Cette maison était arrangée avec goût. Elle était accueillante ainsi que le jardin bien entretenu et fleuri avec sobriété. Chaque année, les hortensias s’y épanouissaient en abondance. D’autres voisins gardent le souvenir des rosiers.





Sous les pleureuses de la façade de Gai-Logis, une inscription chère aux habitants de Saint-Jean-le-Thomas :

« Quand au bout de la mer
Saint-Jean se redira
Lors, notre pauvre cœur,
en ses pleurs cessera».

Nous avions invité avec plaisir Richard Anacréon et son compagnon André Leconte à notre mariage en 1951. Ils nous ont fait l’honneur d’être des nôtres pour nous remercier de notre bonne amitié. Au cours d’un retour de voyage en Italie, Richard et André nous avaient reçu dans leur mignonne villa de Juan-les-Pins, qui donnait directement sur la plage. J’ai eu l’occasion de feuilleter le livre d’or sur lequel de nombreux artistes, chanteurs, avaient laissé quelques mots avec leur signature. Certains avaient aussi fait un dessin artistique. Il avait des amis comme Jean Cocteau, Jean-Claude Pascal,
Colette, Georges Till … Il aimait et savait recevoir. Homme au caractère heureux, il chantait souvent. C’est avec lui que j’ai appris « Les feuilles mortes », un souvenir que je garde au cœur.

Après avoir vendu sa maison de Saint-Jean-le-Thomas, Richard Anacréon a habité Granville, non loin de la mairie. Dans son appartement, j’ai eu quelquefois l’occasion de le rencontrer pour évoquer le passé avec plaisir. Sa mort m’a beaucoup attristée.

Richard Anacréon et Granville


Granvillais par ses origines, Anacréon a laissé à sa ville un certain nombre d’œuvres de ses amis artistes. Son frère était prêtre, ce qui faisait dire à sa mère, bien au fait des amis homosexuels de son fils Richard, lors de ses promenades avec ses deux fils. « J’ai le Bon Dieu à ma droite et le Diable à ma gauche. »


Richard Anacréon et Paris

Anacréon tenait une boutique à Paris, l’Original, rue de Seine, commerce qui éditait des livres spécialisés, parfois érotiques mais aussi d’autres genres littéraires. Son établissement servait aussi de rendez-vous d’artistes et de ceux qui se réclamaient de la famille des homosexuels. C’est là qu’Anacréon a connu beaucoup d’artistes, entre autres Picasso. Ces amitiés l’ont conduit à recueillir de nombreux tableaux et de sculptures.
En organisant pour de riches américains et pour le roi du Maroc des tournées dans les spectacles parisiens, Richard Anacréon constitua ainsi une petite fortune.


Richard Anacréon et le musée d’art moderne

L’affiche du musée d’art moderne témoigne de l’exposition d’un bon nombre d’œuvres du célèbre affichiste. Plus récemment, le musée a présenté des clichés du photographe Lartigue.

Louis Malle

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Saint Jean le Thomas, "village d'art, mer et nature" étape idéale pour les randonnées en Baie du Mont Saint Michel dont le GR223, à proximité de sites remarquables et de multiples activités.
C'est un lieu de séjour agréable disposant d'un large choix d'hébergements, de restauration et de services.